De Kashgar à Yushu


De kashgar a Yushu



- Fini les Shashliks, à nous les Momos ! -

Du 28 septembre au 2 octobre 2016 Chine 1030 km

Nous laissons nos vélos pour parcourir l'ouest de la Chine en train et éviter plusieurs semaines de traversée du désert. Au lieu de ça, un programme chargé : 42h de train suivi de 17h de bus.


On quitte le Xinjiang

Nos vélos étant déjà partis par "cargo" quelques jours plus tôt, on quitte notre guest house en prenant un taxi direction la gare, en compagnie d'Alice et Benoit. Ca  fait tout drôle de se retrouver avec un petit sac à dos, on a un peu l’impression d’oublier quelque chose; mais a priori nos vélo sont dans de bonnes main et déjà en route pour Xining... enfin, on espère! On espère surtout ne pas se retrouver avec des vélos couchés à l'arrivée (Alice et Benoit s'arrêtant, eux, à Lanzhou), on serait bien embêtés.

A la gare, nos bagages sont passés au scanner. On appréhende un peu puisque depuis une attaque à l’arme blanche dans la gare de Kunming l’année dernière, les couteaux sont interdits de circulation dans le Xinjiang. Interdit donc, de les envoyer dans les colis avec les vélos, mais aussi de les transporter avec nous dans le train...  On craint pour nos copains Opinel et Leatherman. Alice est complètement paniquée avec son gros couteau de cuisine et on a un gros doute sur la bouteille d’essence du réchaud (qui même vide, rincée et re-rincée, dégage une forte odeur…). Lors du scan, seul le sac à dos de Nicolas est fouillé de fond en comble (sans doute l’effet de la barbe fleurissante?). Les autres s'esquivent rapidement, tout contents que les couteaux soient passés inaperçus, mais pour la bouteille d’essence, c'est pas encore gagné. A voir la tête du policier reniflant à l’intérieur, on se dit qu’on est mal barré. Il discute avec un de ses collègues, renifle encore pour être bien sûr, puis nous dit que c’est bon et qu’on peut remballer. On s’exécute rapidement et partons à la recherche de notre train un peu soulagés.

Il y a beaucoup de monde, mais tout est finalement bien indiqué et on trouve notre train facilement. Vu la cohue que provoque l'appel à l'embarquement, on ne risque pas de rater le départ. Là encore, il faut jouer des coudes pour ne pas se faire gruger par des familles entières. Le sens de la priorité ne fait décidément pas partie de leur culture. Pour prendre le train, comme pour aller aux toilettes, même combat, la galanterie n'existe pas.

La contrôleuse veille
La contrôleuse veille

42h de train plus tard...

Les trains chinois “longue distance” ressemblent aux trains du transsiberien. Nous avons le choix entre 3 classes : les "hard seat" (sièges durs), les "hard sleep" (couchette dure) et les "soft sleep" (couchette molle). Pour 39h, on choisi les “hard sleep”, histoire d'essayer de dormir un peu : les wagons sont constitués de compartiments de 6 couchettes ouverts sur un couloir commun. Autrement dit, on partage un dortoir géant avec une soixantaine de Chinois. Chaque wagon est géré par une “intendante” qui s’assure que tout se passe bien et que les lieux communs (notamment les couloirs, toilettes et lavabos) restent propres. Et pour notre plus grand bonheur, ce sera plutôt bien tenu. Le wagon restera propre pendant les 39h de train. Et mis à part quelques raclements de gorges et crachats franchement dégoutants, un voisin alcoolique, des odeurs de noodles diverses et variées, des coups de fil totalement décomplexés, une contrôleuse qui nous crie dessus de temps à autre,... nos voisins étaient plutôt attentionnés et le trajet est bien passé. On s’excuse d'ailleurs auprès de nos compagnons de voyage pour tous les préjugés que l’on pouvait avoir avant le départ!

Mais 39h, c'est long quand même?! On a finalement vite trouvé de quoi passer le temps : dormir (oui, ca reste quand même notre première occupation, surtout pour Elise qui se remettait de sa turista), manger nos noddles (de l'eau chaude est à disposition dans chaque wagon, du coup, on fait comme tout le monde), regarder le paysage (bon, ça on s’en lasse quand même vite, c'est rapidement monotone dans cette région), compter le nombre de bières bues par notre voisin, trier les photos, écrire les articles du blog, prendre des photos, échanger avec nos voisins (là on avoue que c’était assez rapide, notre chinois étant encore trop approximatif et leur anglais généralement proche du néant), bouquiner,...

Notre dortoir pour les 39 heures de train jusqu'à Lanzhou
Notre dortoir pour les 39 heures de train jusqu'à Lanzhou

Les paysages défilent par la fenêtre mais ne varient pas vraiment : quelques jolies montagnes et beaucoup de désert à perte de vue. On est vraiment content de ne pas faire cette partie à vélo! On est par contre impressionnés par la quantité de centrales solaires et de champs d’éoliennes qui s’étendent sur des dizaines de kilomètres. Il faut croire qu'ici, les contraintes de développement ne sont pas les mêmes que chez nous ;)

Les paysages désertiques défilent
Les paysages désertiques défilent

A Lanzhou, nous laissons Alice et Benoit pour reprendre un deuxième train vers Xining où nous arrivons 3h plus tard. Il ne nous reste plus qu'à récupérer nos vélos... enfin plus qu'à... encore faut-il trouver les bureaux de la compagnie de transport. Nous n'avons que notre petit reçu écrit tout en Chinois... Heureusement, il nous suffira de le montrer à quelques personnes qui nous indiqueront la direction de l'entrepôt. Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvons devant le guichet à se demander si nos vélos sont déjà arrivés, mais surtout dans quel état... Finalement plus de peur que de mal, nous retrouvons tout le monde en forme. Nous chargeons nos mules et nous dirigeons vers la ville. La recherche de notre guesthouse est digne d'un jeu de piste. On aime bien ça, mais franchement, après près de 2h à tourner dans un quartier un peu glauque, on baisse les bras. Heureusement, nous avons l'adresse en Chinois et nous tombons sur des gens adorables qui tentent de nous orienter. Il se trouve en fait que les cartes google maps sont totalement fausses en Chine. Notre hotel était donc bel et bien en centre ville, proche de toute l'animation, à 4 km de là ou nous cherchons... Il faudra encore deux jeunes touristes Pekinois pour nous amener dans la bonne rue et appeler le propriétaire pour qu'il vienne nous chercher : parce qu'en plus d'avoir un plan totalement faux, il n'y avait pas de signe de la guest house sur l'immeuble de 32 étages...

Nous passons 1 journée dans cette grande ville sans grand intérêt, si ce n'est qu'on commence à découvrir la culture et les spécialités culinaires chinoises, mais pas pour longtemps...

Centre ville de Xining, petite bourgade chinoise de plus de 2 millions d'habitants
Centre ville de Xining, petite bourgade chinoise de plus de 2 millions d'habitants

En route vers le Tibet

On quitte Xining pour Yushu, d'où nous remonterons en selle. Encore 800 km à parcourir, cette fois-ci en bus de nuit. 

Nous arrivons confiants à la gare routière, avec nos billets de bus achetés la veille. Nous devons normalement payer un surplus pour les vélos, à discuter avec le chauffeur. Mais c'est sans compter sur l'excès de zèle de notre chauffeur. Il refuse net d'embarquer nos vélos. On tente bien de lui expliquer qu'on sait que ça ne se passe pas comme ça mais il ne comprend rien à ce qu'on lui dit, et nous non plus d'ailleurs. On lui explique même qu'on veut bien les démonter et payer mais rien n'y change. Les autres passagers embarquent et ça s'éternise... un peu trop au gout de Nico qui dit à Elise : "je crois qu'il va falloir que tu pleures". Car tout le monde sait bien qu'Elise peut pleurer pour tout et n'importe quoi, surtout quand elle est stressée ou fatiguée. Sauf que là, rien ne vient... C'est alors que le chauffeur ouvre violemment l'une des soutes en donnant un coup dans son vélo. Elise choisit alors l'autre option : elle s'énerve (en vrai, c'était pas grand chose, mais il fallait bien ça;) Et là, ça lui cloue le bec à notre chauffeur. Il nous laisse charger les vélos sans broncher. Une fois bien calés au fond de la soute, il nous demande une somme indécente. Enfin c'est surtout son comportement qui est indécent, il nous aurait annoncé la note dès le départ, on aurait surement moins rechigné. Au lieu de ça, Elise, excédée, négocie sec : c'est 50 yuan ou rien (au lieu des 100 demandés). Il finit par accepter et nous montons dans le bus, inquiets. Sans rancune? Dans quel état va-t-on retrouver nos vélos, écrasés sous les bagages des autres voyageurs? C'est parti pour 17h de bus...

C'est parti pour 17 heures de bus! Youhou!!
C'est parti pour 17 heures de bus! Youhou!!

Le temps de sortir de Yushu, le bus s'arrête tous les 100 m (non, on n'exagère même pas) pour récupérer des colis à transporter et gagner un peu plus d'argent au passage... Tu m'étonnes qu'il voulait pas de nos vélos qui prennent tellement de place! Au bout d'1h seulement, on s'arrête chez un routier pour que notre chauffeur aille diner. Il est 18h30. Pause d'1h. La route risque d'être longue... très longue... et on déteste de plus en plus notre chauffeur. Les autres passagers attendent comme nous, sur le bord de la route, téléphone à la main, quelques crachats de temps en temps. Aller, plus que 16 de bus. 

Le reste de la nuit ne se passe finalement pas si mal, si ce n'est qu'on fait de nouveau une pause de 3h en pleine nuit pour que les chauffeurs dorment. ça valait bien le coup d'avoir 2 chauffeurs pour se relayer... Nous sommes bien au chaud sous les couettes alors que l'on monte à plus de 4800m. La buée givre sur les vitres. Il gèle dehors. Mais le spectacle au réveil des montagnes saupoudrées de neige est superbe. 

Quelques arrêts pour déposer les colis dans des petites bourgades et nous arrivons à Yushu en milieu de matinée. Le chauffeur nous laisse décharger. Un garde boue tordu, mais mis à part ça, tout est ok. Nous sommes à peine sortis du bus qu'un attroupement se forme autour de nous : ils observent, testent les klaxons, tâtent les selles... A peine Elise a-t-elle le dos tourné pour accrocher ses sacoches que ses freins sont raccrochés et son garde-boue redressé... Merci messieurs! Bienvenue au Tibet!

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