De Litang à Shangri-la


De Litang a Shangri-la



- 7 jours au Tibet -

Du 15 au 24 octobre 2016 Chine 2149 km

Apres avoir parcouru le nord du Sichuan, nous nous dirigeons maintenant vers le sud et le Yunnan pour decouvrir un Tibet bien plus touristique, un peu moins authentique, plus eprouvant, mais toujours aussi magnifique.


Une pause bien méritée

On s’arrête 4 jours à Litang, petite bourgade perchée à 4000 m d’altitude. La ville est connue des tibétains pour avoir vu naître les 7ème et 10ème Dalaï lama. On profite de ces quelques jours de repos pour aller visiter le monastère de la ville, la grande stupa, aller tourner quelques moulins à prière en espérant une météo un peu plus clémente pour les prochains jours; se délasser les muscles aux sources chaudes et se faire quelques bons petits repas. Au menu, toutes sortes de momos (fris, bouillis, cuits a la vapeur, à la viande de yak, aux pommes de terre,...), du riz aux oeufs et à la tomate, du riz au curry ou des pâtes en soupe. Bref, que du très classique, il faudra encore attendre un peu pour diversifier les repas!

Litang est une ville moins animée et un peu moins charmante que Garze mais reste tout de même très agréable. Aux abords du monastère, on retrouve les maisons traditionnelles tibétaines, quelques petites stupas et des moulins à prières positionnés le long de la kora que les pèlerins parcourent avec toujours autant de ferveur.

La kora autour de la grande sympa de Litang
La kora autour de la grande sympa de Litang

Pendant ce temps, Brigitte et Nicolas ont filé vers Chengdu pour renouveler leur visa, et Jérémi a pris la route de Shangri-la avec un jour d’avance sur nous. On repart donc à deux, non mécontents de se retrouver un peu seuls.

Enfin seuls, pas tout à fait : jusqu’à la bifurcation pour Daocheng (haut lieu du tourisme Sichuanais), nous nous retrouvons dans le flot des touristes Chinois. La route est bien plus passante et les panneaux avec indications touristiques ainsi que les points de vue avec plateformes aménagées fleurissent. Des panneaux nous indiquent même où nous arrêter pour prendre des photos (vraiment merci ;) ); et nous nous faisons doubler par des dizaines et des dizaines de bus et de 4x4 pleins à craquer de touristes Chinois. Les drapeux de prières ne sont plus systématiquement présents pour nous indiquer les cols mais les hordes de Chinois munis de leurs perches à selfies et de leurs gros (que dis-je, enooormes!) reflex ne font aucun doute, nous sommes bien au sommet! On ne se sent même plus seuls avec nos gore tex flashy! Heureusement, nous quitteront (un peu) ce tourisme de masse chinois en bifurquant vers Xiangcheng.

Les dizaines de paparazzi chinois
Les dizaines de paparazzi chinois

Les montagnes russes

A partir de Litang, la culture tibétaine semble un peu moins présente, ou du moins, l’influence chinoise est plus marquée. Petit à petit, les drapeaux tibétains laissent la place aux drapeaux chinois sur le toit des maisons, les monastères clinquants sont de moins en moins nombreux, les drapeaux de prières flottent moins en haut des cols, les “tachidele” restent parfois sans réponse, les villages sont plus “cosmopolites”, les restaurants "chinois" se multiplient,...
Nos contacts avec les Chinois (ou plutôt les Hans, ethnie majoritaire en chine) sont d'ailleurs souvent mêlés d’incompréhension, comme ce camionneur que l’on arrête et qui ne comprend pas qu’on veuille charger les vélos dans sa benne, comme cette cuisinière qui ne comprend pas ce qu’on veut manger malgré le menu en photos. Ça nous paraissait pourtant clair… il faut croire que non...

On pensait avoir commandé une galette de pommes de terre... erreur, c'est du maïs soufflé et sucré!
On pensait avoir commandé une galette de pommes de terre... erreur, c'est du maïs soufflé et sucré!

Nous traversons des paysages très variés. D’abord une jolie vallée verdoyante, puis un haut plateau très rocailleux (une ancienne vallée glaciaire dont les morraines et centaines de petits lacs sont les seuls vestiges), des forêts de pins à perte de vue et enfin d'imposantes falaises rocheuses. Mais ce qui nous marquera le plus, ce sont ces grands espaces où personne ne semble s'attarder. Même les yaks semblent avoir déserté les lieux! Nous pédalons parfois de plusieurs dizaines de km (et donc de nombreuses heures, voire des jours entiers, quand en plus la route se transforme en piste caillouteuse et poussiéreuse...) sans croiser un village. C’est la première fois depuis Yushu qu’il y a si peu de vie autour de nous. 
Sentiment à la fois grisant de se retrouver perdus au milieu de si beaux paysages, mais aussi frustrant de ne pouvoir profiter de la vie locale (c'est qu’on s’était habitués aux bons petits plats dans les restos le midi nous!)

L'ancienne vallée glaciaire
L'ancienne vallée glaciaire

Qui dit nouvelles vallées, dit nouvelles architectures. Les maisons Tibétaines auparavant très colorées ont laissé place à de grandes bâtisses blanches, avec de nombreuses fenêtres et de jolies frises toujours aussi travaillées, puis peu à peu à des gandes verrières (ou vérandas) et à des portillon aux toits bien Chinois. Les costumes traditionnels et les coiffures évoluent aussi d'une vallée à l'autre. Les femmes portent tantôt un chapeau ou un ruban coloré, de longues tresses prolongées par des bijoux, de longues robes sombres, des tabliers à carreaux colorés,... De leur côté, les hommes alternent entre le "chapeau de cowboy", le chapeau plus coloré, le ruban rouge dans les cheveux, les bottes fourrées, le long manteau de fourrure,... Finalement, seuls les moines gardent la même tenue d'une vallée à l'autre!

Les grandes pâtures ont disparu, nous n’avons d’ailleurs croisé que très peu de yaks, qui laissent petit à petit la place aux cochons, et les vallées sont de plus en plus cultivées. Les arbres aux jolies couleurs de l’automne font également leur retour. Traduction : on perd de l'altitude!

Maisons traditionnelles Tibétaines dans la vallée de Xiangchen
Maisons traditionnelles Tibétaines dans la vallée de Xiangchen

Cette portion aura été plus éprouvante que la précédente. Les cols s'enchaînent toujours, mais nous ne sommes plus sur les hauts plateaux et devons à chaque fois redescendre bien bas dans des vallées parfois très encaissées. Résultat : bien que nous soyons aclimatés et que les montées soient généralement douces, elles sont souvent longues et la fatigue accumulée commence à se faire sentir.

Alors quand on se retrouve à devoir parcourir des dizaines de kilomètres d'une piste pleine de poussière et de cailloux qui nous martyrise les fesses à chaque coup de pédale, quand en plus le resto indiqué sur la carte n’existe pas et qu’on doit de se contenter d’oreos ou de noodles ultra pimentées (quoi t’avais pas vu que c’était écrit sur le paquet?!?), quand en fin de journée on se retrouve dans une vallée où le moindre mètre carré de terrain plat est cultivé, ou dans des gorges très abruptes et qu’on plante la tente à la tombée de la nuit, quand il gèle la nuit, que la tente et les duvets sont trempés/gelés au petit matin et qu’il faut attendre que le soleil pointe son nez pour tout ranger... c'est moins l'fun...

Hum, la belle piste poussiéreuse... un vrai bonheur!
Hum, la belle piste poussiéreuse... un vrai bonheur!

On entend d’ici les voix s’élever “ouiiii mais de quoi ils se plaignent?, ils sont en vacances, trannnquillles, alors que nous blabla, au boulot..., tout ça tout ça…” Ne vous méprenez pas, on ne se plaint pas vraiment (enfin juste un peu), on réalise pleinement la chance qu’on a d’être ici, mais allez donc poser vos fesses sur un bout de cuir (la selle d’Élise, un vrai régal), 5h par jour, 7j/7, dans (entre autre) le froid, la neige, la pluie, le vent, le soleil qui brûle, la poussière… pour passer des cols à plus de 4000 m tous les jours… alors oui, parfois on craque (enfin surtout un membre de l'équipe, dont on taira le nom... certains camionneurs et autres chauffards en ont fait les frais).

Mais heureusement, les beaux paysages, les belles rencontres et les petits plaisirs tout simples (on n'a jamais autant consommé de snickers et de coca) nous font vite oublier ces petits désagréments. On remercie d'ailleurs ce touriste Chinois qui nous a offert des pommes alors qu’on faisait une pause sur la piste cahotique. On remercie ces deux touristes Chinoises qui nous ont offert de l’eau, des croissants, de (délicieux) flans et des gâteaux (huuumm, un regal!) alors qu’on était au bord du craquage après 26km de piste et toujours pas de col en vue. On remercie ce travailleur des ponts et chaussées de Chengdu qui nous a pris en stop pour passer ce @=&#%&@ de col qui n’en finissait jamais. On a bien cru finir dans le ravin à plusieurs reprises, mais merci de nous avoir épargné cette piste sur laquelle nous ne prenions plus de plaisir.
On ne remerciera pas par contre les 4x4 qui roulaient trop vite, nous faisant manger la poussière d’un peu trop près, ni les camions, qui croyant qu’on ne les entendait pas arriver, nous assenaient de violents coups de klaxons dans les oreilles.

Merci, merci!!!
Merci, merci!!!

Bye-bye Tibet, welcome to China!

En l’espace de quelques jours seulement, nous avons fêté plusieurs exploits : 2000 km, 20 000 m de dénivelé positif et notre record d'altitude (a velo) : un col à 4756 m, passé (presque) comme une lettre à la poste, même si le souffle était un peu court pour monter sur le sommet voisin… mais quelle vue!

L'arrivée au col nous donne des ailes!
L'arrivée au col nous donne des ailes!

Notre arrivée à Shangri-la marque la fin du monde Tibétain, la fin d’une étape. Nous sommes à présent dans le Yunnan.

Malgré son côté touristique, il est agréable de se balader dans les petites ruelles de la vieille ville de Shangri La (qui nous fait un peu penser au quartier de Thamel à Kathmandou) : de jolies maisons traditionnelles (ou presque, puisque la plupart de la vieille ville a du être reconstruite suite à un récent incendie), de (trop) nombreuses boutiques de souvenirs attrape-touriste, de petits restos de hot pot (vous voyez la fondue bourguignonne? C'est presque ça, le yak et les légumes en plus), de jolies ruelles pavées, des temples et le plus grand moulin à prières du monde (21 m de haut, rien que ça! Il faut être une dizaine pour arriver à le faire tourner...).

Shangri-la by night.
Shangri-la by night.

On découvre avec étonnement de nouveaux aspects de la culture Chinoise : il est 19h quand au détour d'une petite ruelle, on arrive sur une place où commence un taishi : sur les rythmes d'une musique tibétaine, 3 personnes commencent à danser en tournant en rond (quoi, des danses bretonnes ici?!). Très rapidement, elles sont rejointes par des dizaines de personnes répétant la même chorégraphie que (presque) tout le monde semble connaître. Tous s'y mettent : jeunes, vieux, hommes, femmes, chinois, tibétains... Un surprenant mais agréable moment de détente.

C’est avec un petit pincement au coeur que nous laissons derrière nous ces montagnes et la culture tibétaine si attanchante, mais le sud du Yunnan nous attend, avec des latitudes plus clémentes, de nouvelles cultures et de nouvelles découvertes!

En bonus, quelques vidéos.

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