De Shangri-la à Dali


DE Shangri-La a Dali



- Descente dans les plaines du Yunnan-

Du 27 octobre au 05 novembre 2016 Chine 2665 km

Nous laissons derriere nous le plateau Tibétaine et le Sichuan pour redescendre dans les plaines du Yunnan. 


Dans la gorge du Tigre

Depuis Shangri-la, deux routes permettent de rejoindre Lijiang. La première suit tranquillement la vallée alors que la deuxième est beaucoup plus pittoresque mais aussi beaucoup plus vallonnée. Après quelques jours de repos, on choisit la deuxième route, qui nous permet de découvrir la campagne où les petits villages de l'ethnie Naxi (une des 26 ethnies minoritaires reconnues par le gouvernement chinois) se succèdent. Descendants de tribus d'origine tibétaine, les Naxis vivaient encore récemment en famille matrilinéaire (les biens et les noms de famille se transmettent par le lignage féminin). Ils possèdent leur propre écriture, faite de plus de 2000 pictogrammes (il s'agit de la seule écriture pictographique encore en usage dans le monde).

Fini les grandes bâtissent toutes colorées des tibétains, ce sont maintenant des maisons en terre ou en bois plus modestes, avec des toits inclinés en tuiles grises. Sur chaque extrémité des toits, les tuiles remontent dans un style très chinois. 

La météo n’est pas avec nous ces jours-ci et il faut parfois essuyer quelques gouttes ou bien attendre la fin des averses, bien au chaud sous la tente… nos journées vélo s’en trouvent quelques peu écourtées. Pour autant, la route est vraiment superbe, et malgré le mauvais temps et l’effort physique (mais pourquoi enchaine-t-on les journées à plus de 800 m de dénivelé alors qu’on est censés redescendre dans les plaines?!?) nous prenons plaisir à la parcourir.

Villages Naxi dans la vallee menant a Baishuitai
Villages Naxi dans la vallee menant a Baishuitai

En route, nous faisons une halte à Baishuitai, où l’on peut observer de jolies terrasses calcaires. On découvre alors les travers du tourisme Chinois : le moindre site d’intérêt, le moindre point de vue devient payant, et parfois à des tarifs démesurés. Le site n'echappe d'ailleurs pas au grands travaux de développement Chinois et est un vrai Disneyland en devenir : de fausses vasques en béton sont en construction à l’entrée et des passerelles dignes de celles du Perito Moreno permettront bientôt de circuler en mocassins et hauts talons. Inauguration à la saison prochaine? Heureusement pour nous, le site est très peu fréquenté lors de notre passage (serions nous hors saison ou trop matinaux?) et nous sommes quasiment les seuls à patauger dans l’eau pour profiter de la vue.

Les terrasses calcaires de Baishuitai
Les terrasses calcaires de Baishuitai

Après un dernier col suivi d’une belle et longue descente, nous apercevons enfin l'entrée des gorges du saut du tigre. Selon la légende, un tigre aurait sauté à travers le canyon (qui est l'un des plus profonds du monde) pour échapper à un chasseur.

Malheureusement, les 2 sommets qui l’encadrent sont encore dans les nuages et nous n’apercevons pas leur cimes enneigées. La route des gorges est très prisée et n’échappe donc pas à la règle. Quiconque veut la parcourir doit payer, même nous, pauvres cyclos. Face au garde qui nous aboie direct dessus, sans même nous laisser faire un mètre de plus pour garer les vélos, on aurait bien tenté de se remettre en selle et de filer… jusqu’à ce qu’on se rappelle que la nuit tombe, que ça monte et que du coup, on ne risque pas d’aller bien loin… on paye notre droit de passage, non sans rechigner (un peu d’amabilité, c’était trop demander?) et on se met en quête d’une guesthouse.

Le lendemain, toujours pas de nette amélioration côté météo. Dommage, ça compromet la rando avec vue sur les sommets et les gorges… on devra se contenter de la route principale, déjà bien vertigineuse et offrant une belle vue. Si la veille on se demandait encore où étaient tous les touristes, nous avons maintenant la réponse à la question : au détour d'un virage, nous tombons sur LE point de vue des gorges. Tout y est aménagé pour que les bus puissent déverser leur flot de touristes au plus profond du canyon. Ils sont donc tous là, à faire la queue pour un selfie devant la statue du tigre (désolés pour la photo, nous n'avons pas eu cette patience ;). Et pour cause, admettons le, c’est franchement impressionnant… et encore, on n’est pas à la saison des pluies!

Les gorges du saut du tigre
Les gorges du saut du tigre

Lijiang ou le modele touristique chinois

Nous laissons tous ces touristes (mais c’est pour mieux les retrouver plus tard), et reprenons la route, le long du fleuve Yangtze. Nous rejoignons la route principale qui relie Shangri-la à Dali pour quelques dizaines de km... Nous regrettons rapidement notre petite route de montagne : les klaxons incessants des bus et camions et les gaz d’échappements nous fatiguent. D’autant plus que le fort vent du Sud (comprenez de face!) sévit toujours, ne nous laissant aucun répit. Heureusement, nous bifurquons assez rapidement et quittons cette vallée. Au bord du craquage, Élise reprend tout d'un coup du poil de la bête et trouve des ressources insoupçonnées pour attaquer le col qui mène à Lijiang. Il est déjà tard, et alors qu’on cherche désespérément un spot de camping décent dans ces lacets (on n'est même pas exigents ce soir), on avale pas mal de dénivelé. On finit par monter la tente à l’entrée d’un temple, faute d’avoir eu le droit de se mettre dans la cour (elle avait pourtant l’air pas mal notre chambre avec vue!). Avant de se coucher, on vérifie quand même avec le gardien l’heure d’ouverture, histoire d'être sûrs de ne pas déranger et de dégager l’entrée à temps le lendemain. A 7h du matin, on est donc prêts, tout est rangé, il ne nous reste plus qu’à déjeuner. Sauf que autour, tout le monde dort encore et que le gardien n’arrivera qu’une heure plus tard… euh… c’est à quel moment qu’on ne s’est pas compris? Parce qu’on devient plutôt bons en mimes et que ceux là n’étaient pas des plus difficiles… C’est qu’on aurait bien dormi une heure de plus, nous! Qu’à cela ne tienne, on reprend la route pour franchir ce col (zut, il était vraiment pas loin!) et poursuivre la descente jusque Lijiang.

Les toits de la vieille ville de Lijiang
Les toits de la vieille ville de Lijiang

Classée au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1999, la vieille ville est victime de son succès. Son accès est d'ailleurs payant (encore) mais selon les points d'entrée, les contrôles sont plus ou moins fréquents. Si les dédales de  petites ruelles bordées de "vieilles" maisons en bois branlantes et de canaux sont magnifiques, on regrette quand même la succession d'échoppes de souvenirs et de bars (ou boîtes de nuit). La vie locale du vieux Lijiang à disparue sous la pression touristique.

L’activité bat son plein en fin de journée, lorsque tous les touristes sortent faire des emplettes, manger ou boire un verre. Nous avons d’ailleurs été très surpris par l’ambiance qui régnait dans la rue des bars : ambiance survoltée de boîte de nuit avec basses saturées, lumières psychédéliques, chanteurs de cabaret et “gogo danseuses” dès 19h. Merci, mais non merci, on ira boire notre bière ailleurs…  bon ok, on s'est retrouvés dans un bar irlandais un peu glauque, mais à leur décharge, c’était haloween et la bière avait le mérite d’être à un prix décent.

Les canaux de la vieille ville servaient d'adduction en eau potable
Les canaux de la vieille ville servaient d'adduction en eau potable

Le parc situé à la lisière de la ville offre une belle vue sur la vieille ville et les montagnes environnantes. Quoi de plus tentant qu'un petit dej' panoramique? Le sentier qui y monte est facile d'accès et pavé mais on nous annonce qu'il faut être au moins 4 pour y monter. Question de sécurité... La bonne blague! Nico tente alors d'expliquer à la gardienne qu'il est grand et fort et qu'il pourra nous défendre si on se fait attaquer par un ours, un puma ou un léopard des neiges... contre toute attente, ça passe. Mais son ego en a pris un coup quand on a vu des gringalets se balader seuls sur le chemin... La vue est effectivement superbe. Petit déj au top, même si le Yulong Xueshan (mont enneigé du dragon de jade) a toujours la tête dans les nuages.

Sur la route du thé

En quittant Lijiang, on se retrouve rapidement dans la campagne, à traverser de petits villages paisibles, loin du flot de touristes. Ici, tout le monde s'affère dans les champs : certains ramassent les pommes de terres pendant que d'autres préparent les prochaines cultures. On préfère finalement cette ambiance plus authentique à la foule de Lijiang!

Nous faisons une nouvelle halte à Shaxi, un ancien carrefour de la route du thé et des chevaux qui reliait le Yunnan et l'Inde via le Tibet. Ici les tibétains échangeaient leurs chevaux très prisés contre du thé. Cette petite bourgade paisible faite de petites ruelles, de maisons en bois et de petits de canaux a gardé beaucoup de charme (vu la frénésie touristique chinoise, on peut se demander pour combien de temps!).

Sur la place du village de Shaxi
Sur la place du village de Shaxi

De là, on rejoint Dali, capitale de l'ethnie Baï par un dernier gros col et 35 km de piste parfois roulante et parfois plutôt caillouteuse (et oui, quand on aime...). La descente aura été un bon calvaire pour les bras et les fesses le peu de temps où elles étaient sur la selle.

Les crêtes des montagnes environnantes sont totalement recouvertes d'éoliennes. On confirme, il y a du potentiel!

A l'approche de Dali, on retrouve le bitume. On a même l'embarras du choix pour la route. Le gouvernement chinois semble avoir pris les devants sur une urbanisation galopante de la région (et de la Chine en général) en construisant une autoroute et une 2x3 voies. On restera quand même sur notre petite route au milieu des champs avec les vélos et les tricycles des paysans.  Autour de nous, beaucoup de monde dans les champs, où poussent du riz, de l'ail, du maïs, des piments, et on doit bien l'avouer, un bon nombre de légumes qu'on ne saurait reconnaître! Dans cette plaine, le moindre mètre carré de terre est mis à profit et il devient vraiment difficile de trouver un coin où camper. On pousse donc jusqu'au bord du lac Erhai, où on a repéré sur notre carte un petit parc. On arrive tranquillement vers notre coin de camping un peu avant la tombée de la nuit : un coin d'herbe plat au bord du lac. Même pas marécageux. Parfait! Nous n'avons croisé personne à l'entrée du parc nous interdisant le bivouac (on a pas trop cherché non plus...). Nous plantons donc la tente à la nuit tombante et commençons la cuisine en regardant au loin les pagodes des pêcheurs qui partent au large, quand un fort vent se lève et écourte la soirée. Avec cette tempête, difficile de cuisiner. Dommage, on avait acheté plein de légumes et aromates pour se préparer un festin. On devra se contenter de pâtes toutes simples, dans la tente. 

Ca s'active dans les champs!
Ca s'active dans les champs!

Après une bonne (mais courte!) nuit de sommeil, nous sommes réveillés en sursaut, vers 6h30, par des lampes torches pointées sur nous et quelqu'un remuant les vélos. Nico sort en vitesse en tombe nez à nez avec les gardiens du parc qui nous demandent fermement de tout plier et de déguerpir, et vite! On essaie bien de négocier un peu (ok on ne savait pas, il va bientôt faire jour, on pourrait attendre un peu et partir après le levé du soleil...), rien n'y fait... Nous rangeons rapidement nos affaires sous les regards attentifs et pressants des gardiens qui nous escorteront jusqu'à notre sortie du parc! Nous qui espérions profiter du lieu pour le petit déjeuner... c'est raté.  Mais voyons le bon côté des choses, sans ce réveil brutal et matinal, nous n'aurions pas vu le ciel s'embraser pour le levé de soleil sur le lac!

Finalement, on peut remercier les gardiens!
Finalement, on peut remercier les gardiens!

Les 25 km restant jusqu'à Dali, sont très agréables. Nous alternons entre les rives du lac et ses parcs, les villages Baï (aux grandes maisons blanches décorées de jolies frises et portillon aux toits chinois ouvrant sur des cours intérieures) et les champs toujours aussi animés.

En arrivant à Dali, une deuxième étape du voyage se termine. Notre périple en Chine touche à sa fin, et on va accélérer la route pour rejoindre rapidement le Vietnam. Quelques heures de bus en perspective...!

Devinette

Bravo a ceux qui ont trouve les reponses aux premieres devinettes : Les kirghizes sont effectivement fan des dents en or et l'extension de la maison tibetaine sert bien de toilette (une trappe alimente directement le compost situe en contrebas). D'ailleurs, Emilie on t'envoie la carte postale a quelle adresse!?

Et pour ceux qui ont eu le courage de nous lire jusqu’ici, voici une nouvelle petite devinette :

Quelle est la particularite des camions poubelle en Chine?

Nous enverrons une jolie carte postale au premier qui trouvera la bonne reponse… verdict dans quelques jours!

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