De Hanoi à Dien Bien Phu


De Hanoi à Dien Bien Phu



- Retour vers les montagnes -

Du 24 novembre au 1 décembre 2016 Vietnam 3808 km

Après quelques jours de repos dans la région d'Hanoi, on reprend la route vers le nord ouest et le Laos, en faisant un petit détour par Binh Binh et la baie d'Halong terrestre.


La baie d'Halong terrestre

Parce que nous avons eu suffisamment de sensations fortes en arrivant dans Hanoi, parce que voir une femme se faire renverser par un scooter nous a refroidit, parce qu'Elise s'est déjà fait attaquer par le chargement proéminent d'un scooter (heureusement, plus de peur que de mal, elle s'en sort juste avec un petit bleu)... Petite aparté sur les scooters Vietnamiens qui peuvent transporter à peu près tout et n'importe quoi, du simple colis à la montagne de cartons, en passant par les cochons (morts ou vifs), poules et chèvres, les scooters, les régimes de bananes, la pépinière, les troncs de bambous ou les barres d'acier de plusieurs mètres de long et j'en passe. Bref, autant de raisons qui font que nous n'avons aucune envie de renouveler l'expérience d'une traversée de Hanoï à vélo!

Nous hésitons sur l'itinéraire à suivre pour rejoindre le Laos, mais une chose est sûre, nous quitterons Hanoi en train!

Le plat pays au sud est bien tentant, mais il nous emmenerait au sud du Laos, et nous devrions ensuite prendre un bus pour rejoindre Ventiane (où nous retrouvons le papa d’Élise dans quelques semaines). À l'ouest, la route est plus directe mais a priori très vallonnée et pas très intéressante. Au nord-ouest, on retrouve de nombreuses minorités ethniques, des beaux paysages vallonnés mais c'est moins direct… Gros dilemme! Après de longues heures de réflexion, et maintenant que nos mollets sont bien reposés, nous optons finalement pour le détour par le nord-ouest. Nous prendrons donc le train jusqu'à Ninh binh avant de rejoindre Dien Bien Phu puis le Laos.

La région de Ninh binh est plus connue sous le nom de baie d’Halong terrestre. Après les bons moments passés dans la baie d’Halong, la vraie, on avait bien envie de voir son pendant terrestre. Prendre le train avec les vélos est toujours aussi facile, et à peine 2h plus tard, nous arrivons à destination et re-enfourchons nos montures. On parcourt rapidement les 10 km qui séparent la gare de Ninh Binh, du village de Tam coc, point de départ pour les ballades à vélo ou en bateau. L'enfilade de barques partant faire un tour au milieu des rizières et des pics karstiques nous rebute un peu et nous prenons l’option vélo pour découvrir ces paysages magnifiques. De petits chemins bucoliques au milieu des rizières, des pics karstiques qui s’élèvent plusieurs centaines de mètres au-dessus de nos têtes et de petits cours d’eau où les canards pataugent nous permettent de profiter tranquillement des paysages (on a bien essayé de sortir Elicola, mais déjà qu'elle fait fuir les yaks, les canards ont frôlé la crise cardiaque..).

Balade à vélo entre les rizieres
Balade à vélo entre les rizieres

Nous y passons une nuit, en espérant une éclaircie pour le lendemain, la météo plutôt maussade nous permettant moins d'apprécier ce relief. Nous nous retrouvons dans un sympathique hôtel tenu par une ancienne batelière, l'occasion de déguster un délicieux plat de chèvre, typique de la région. Nous repartons après un petit déjeuner de rois : jus et fruits frais (mangue, passion, banane, orange), baguette, beurre, confiture de mangue, crêpes et gaufres toutes chaudes, muffins à la noix de coco... bref, un festin comme nos estomacs de cyclo en raffolent! Loan nous offre même des bananes et gâteaux pour la route, on est plus que jamais prêts à se remettre en selle.

On reprend pourtant doucement, se baladant sur des petits chemins, entre champs et marécages, dominés par les pics karstiques. On profite d'une dernière halte pour monter à un joli point de vue. Le soleil tente une percée mais n'y parvient pas. Avec ce voile gris et les rizières déjà récoltées, on est loin des paysages qu'on nous vend sur les cartes postales, mais soyons honnêtes, ça reste grandiose!

Baie d'Hallong terrestre sous le ciel gris
Baie d'Hallong terrestre sous le ciel gris

En route vers le pays Thaï

On quitte peu à peu ces paysages aériens pour se retrouver au milieu des cultures et des petits villages. On prend le temps de s'y perdre. Parfois, un clocher dépassant nous rappelle l'influence française, pas si lointaine que ça, et les tombes perdues au milieu des champs nous interpellent. Nous n'en avions presque plus vu depuis le Kirghizistan.

Village de Kenh Ga
Village de Kenh Ga

Nous rejoignons ensuite un chemin plus direct, avec un bref passage sur la route Ho Chi Minh, beaucoup plus fréquentée et bien moins agréable. Heureusement, on bifurque bientôt vers le nord ouest.

Assez rapidement, on se retrouve loin des itinéraires touristiques et le contacts avec les gens sur le bords de la route devient plus naturel et chaleureux, on entend à nouveau les "hello" des enfants. Tellement moins touristique que les rares hôtels que nous trouvons n'ont pas toujours l'agrément pour nous accueillir, ce qui nous vaudra des nuits dans l'illégalité, ou des étapes plus longues que prévues. Dans ces cas nous demanderons l'hospitalité dans des écoles (elles ont souvent de jolies pelouses qui nous font rêver pour planter la tente, même si on est bien loin de nos campings de rêve kirghizes ou tibétains) sans grand succès.

Au fur et à mesure que nous montons vers le nord, et que nous nous enfonçons dans les montagnes, les constructions en béton laissent la place à des maisons en bois, souvent sur pilotis. Le rez-de-chaussée semble servir pour le stockage des céréales, pour les animaux, ou d’air de jeux pour les enfants alors que la pièce à vivre est située à l’étage.

Le soleil fait son retour, après quelques jours à pédaler dans la grisaille et le brouillard, mais les températures sont beaucoup plus douces que dans la région d'Hanoi et nettement plus agréables.

Maison sur pilotis de la région de Mai Chau
Maison sur pilotis de la région de Mai Chau

Mai Chau marque pour nous le retour chez les minorités. Alors qu'au nord, nous avons principalement rencontré des flower Hmongs, ici, ce sont les Thaï qui sont majoritaires (ethnie originaire du sud de la Chine). Les femmes portent toujours beaucoup les habits traditionnels : nous les reconnaissons à leurs longues jupes noires, leur chignon haut perché sur leur tête et agrémenté d'un petit bijoux et parfois d'un foulard (on vous laisse imaginer quand elles portent le casque - qui est obligatoire au Vietnam - par dessus. C'est certainement totalement inefficace, mais on a la classe ou on l'a pas!). Plus rarement, certaines arborent un joli chemisier coloré et/ou une veste cintrée assez classe. Les hommes thaï sont plus discrets mais portent parfois le béret.

Femmes thaï qui jouent à une variante du palet breton (on n'a pas osé les défier, elles sont vraiment douées)
Femmes thaï qui jouent à une variante du palet breton (on n'a pas osé les défier, elles sont vraiment douées)

Ce village est joliement situé dans une région vallonnée, au milieu des rizières et constitue une halte agréable. Les guesthouses s'y développent à vitesse grand V, mais malgré ce tourisme en plein essor, nous avons passé une très chouette nuit dans la maison sur pilotis d'une gentille famille thaï d'un village voisin. Nous sommes seuls dans la grande pièce à l'étage, des matelas à même le sol, dans notre cocon de tulle, alors qu'en bas, les hommes regardent un match de foot pendant que la femme nous prépare un délicieux repas. Oui, ici aussi, la répartition des rôles est plutôt machiste : la femme travaille beaucoup : dans les champs, bottes aux pieds et chapeau pointu sur la tête, à la cuisine, tablier au coup, en train de faire sécher les récoltes, ou de jouer les maçons. Et les hommes dans tout ça? On doit dire qu'on les voit un peu moins au labeur, mais plutôt avachis en train de regarder la télé ou faire la sieste, entre copains, à discuter autour d'un thé et de la pipe/bang/chicha que l'on retrouve dans chaque resto, quand ce n'est pas en train de trinquer à l'alcool de riz... Une tradition des plus machistes, puisque Nico s'est souvent vu proposer un verre. Élise, jamais.

Village thaï autour de Mai Chau
Village thaï autour de Mai Chau

Up and down

Mai chau marque aussi notre retour dans les montagnes, puisqu'à partir de maintenant, on enchaîne montées et descentes, souvent au milieu de forêts tropicales et de cultures très variées (canne à sucre puis maïs, bambous, chouchou, radis, rizières en terrasses,...). 

La région de Moc Chau nous séduit particulièrement, avec ses paysages plus familiers : le grand retour des feuillus, des conifères et de l'herbe... ça nous donnerait presque envie de camper tout ça. Contrairement au reste du Nord Vietnam où les rizières sont en jachère en attendant la prochaine récolte, cette région est verdoyante. On se croirait presque en Normandie. Et pour cause, elle est réputée pour son importante production de produits laitiers. Une aubaine pour nous, amateurs de yaourts, ils sont délicieux.

Entre Mai Chau et Moc Chau
Entre Mai Chau et Moc Chau

On enchaîne les cols, mais aussi quelques belles descentes pour rejoindre Dien Bien Phu. Sur la route, toujours beaucoup de villages ethniques : des Thaï, très souriants et accueillants, mais aussi des Hmongs, que l'on croise souvent sur les bords de routes, abrités sous leur parapluie en guise d'ombrelle, pour vendre leur maigre production ou récolte.

Famille Hmong en bord de route
Famille Hmong en bord de route

De nombreux écoliers nous accompagnent en fin de matinée, à leur sortie de l'école. Ils sont quasiment tous à vélo, plus rarement en scooter électrique. Les plus jeunes sont accompagnés de leurs parents qui les emmènent en scooter, parfois jusqu'à 5 passagers : 1 conducteur, 3 passagers et le petit dernier debout entre les jambes, une main sur l'accélérateur. Si le casque est obligatoire au Vietnam, il ne semble pas l'être pour les enfants qui sont souvent bien moins protégés que leurs parents. Malgré une densité de population impressionnante, les villages sont très étalés et les enfants doivent parfois parcourir plusieurs km pour se rendre à l'école.

Sur le chemin de l'école
Sur le chemin de l'école

Nos derniers jours au Vietnam sont plutôt fatiguant. On a du mal à se reposer, avec le bruit, la vie qui grouille. Partout. Tout le temps. Quand nous ne sommes pas réveillés par les coqs bien trop matinaux pour nous, c'est par la télé du voisin, les discussions animées ou les klaxons. Malgré nos bonnes résolutions de se coucher tôt, on ouvre souvent un oeil dès 5h du matin. Le confort rudimentaire des lits Vietnamiens n'arrange rien : les lits sont souvent très durs, à la limite de la planche de bois (mimi, ça te rappelle quelques souvenirs?). Notre sommeil n'est jamais très profond, et du coup, pas tout à fait réparateur. On accuse le coup sur ces derniers jours, et on se surprend à rêver d'un Laos plus calme... 

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