De Yangon au lac Inle


De Yangon au lac Inle



- Les jolies colonies de vacances -

Du 12 au 17 février 2017 Birmanie 6822 km

Fini le vélo! On passe en mode sac à dos, avec nos familles venues nous retrouver pour nos dernières semaines en Birmanie. Après une courte escale à Yangoun, on met le cap au nord vers le lac Inle, par un trek de quelques jours à travers la campagne de l'Etat Shan.


Yangon, en pleine effervescence

Arrivés à Yangon avec Agnès et Jean-Luc (les parents de Nico), nous sommes rejoints dès le lendemain par Josette et Antoine (la mère et le frère d’Élise), fraîchement débarqués de l’avion. Nous voici donc au complet pour ces dernières semaines de voyage.

 

Nous leur réservons un atterrissage en “douceur” avec une journée à Yangon avant de démarrer les hostilités. Ils croyaient quand même pas qu’en nous tirant du lit à 6h du mat, on allait les laisser s’en tirer comme ça… C’est donc parti pour une balade dans les rues de l’ancienne capitale - Pour la petite histoire, la capitale a été subitement délocalisée en 2005 à Nay Pyi Taw, cette ville démesurément gigantesque, construite de toute pièce par la junte militaire; une ville fantôme 6 fois plus grande que New York, fruit de la mégalomanie des anciens dirigeants. - Dépaysement assuré! Les rues sont sales, grouillantes de vie, chaque mètre carré de trottoir est occupé par un vendeur de rue, un artisan, ou des mares de bétel. Du bruit, des klaxons de toutes parts. Au marché, des étals de légumes à même le sol, au milieu de la chaussée, par dessus lesquels passent les camions. On retrouve aussi des métiers oubliés chez nous : couturier, cireur de chaussures, réparateur divers et varié…

Dans les rues de Yangon
Dans les rues de Yangon

Après quelques heures dans cette jungle étouffante et oppressante, on retrouve un peu de calme et de sérénité à la magnifique pagode Schwedagon, l’un des sites bouddhistes les plus sacrés de Birmanie. Enfin “calme” n’est pas le mot exact puisque des centaines de pèlerins se rassemblent ici pour prier ou immortaliser leur venue devant l’immense stupa étincelante entourée d’une multitude de petites pagodes, temples, clochetons et stupas de toutes formes, richement ciselés et décorés. En émane une atmosphère unique et envoûtante où recueillement et dévotion se mêlent à un esprit bon enfant.

Pagode Shwedagon
Pagode Shwedagon

Nous quittons Yangon le soir même, en bus de nuit, pour rejoindre Kalaw, à une soixantaine de km du lac Inle. Pas de repos donc, c’est parti pour une longue (très looonngue pour certains) nuit sur des routes sinueuses et cabossées.

Trek de Kalaw au lac Inle : immersion dans les montagnes birmanes

Il est à peine plus de 4h quand nous arrivons à Kalaw. Allez savoir pourquoi les bus ne partent pas quelques heures plus tard plutôt que d’arriver à des heures totalement incongrues. Il fait encore nuit noire, et pour la première fois depuis bien longtemps, il fait froid. On regretterait presque d’avoir renvoyé nos doudounes et bonnets. Presque. A cette heure ci, plusieurs bus ont déjà débarqué (oui, à 3h du mat, c’est possible aussi), et c’est mission impossible pour trouver une guesthouse qui ne soit pas déjà pleine, ou hors de prix, pour finir la nuit. On se retrouve donc à errer dans la ville, attendant le lever du jour avec d’autres voyageurs malheureux, dans le seul café déjà ouvert.

 

Quitte à être matinaux, on se rend à la première agence qui ouvre pour se renseigner sur les treks. Banco, on peut partir dès aujourd’hui! Branle bas de combat pour préparer les sacs et être prêts à partir. C’est alors qu’Antoine croit apercevoir une tête connue. Heureuse coïncidence, c’est bien Yann, un ami d’enfance, et Céline, sa copine. Nous ne nous étions pas vus depuis le lycée, il y a plus de 10 ans de cela. Eux aussi sont arrivés cette nuit. Ils hésitaient à attaquer le lendemain mais viendront finalement renflouer nos rangs. C’est donc parti pour 3 jours de randonnée à travers la campagne birmane, en territoire Palaung, Danu, Pa’O et Intha, pour rejoindre le lac Inle.

En pays Denu
En pays Denu

Beaucoup d’autres groupes sont sur la ligne de départ, mais nous les quittons finalement assez rapidement pour n’en croiser que sporadiquement. Les paysages traversés sont très variés : la forêt qui nous abritait les premières heures laisse place à des cultures de thé et d’orangers à flanc de montagne, puis à des cultures en terrasse en fonds de vallées. Ail, riz, piment… Dans cette région, l’agriculture n’est pas du tout mécanisée et la terre est cultivée à la force des hommes et des buffles qui tirent encore les charrues. Les récoltes sèchent à même le sol, sur des bâches ou des tapis en bambou. A l’approche du lac Inle, les majestueux banian et les forêts de bambou font leur apparition.

Récolte de piments
Récolte de piments

Le relief vallonné et les longues heures de marche entament un peu nos faibles ressources et le manque de sommeil commence à se faire sentir. Malgré tout, le moral des troupes est au beau fixe et nos deux jeunes guides sont aux petits soins.

Le soir venu, nous sommes accueillis chez des familles birmanes. C’est pour nous l’opportunité d’entrevoir le mode de vie dans les campagnes. Les maisons sont sur pilotis, les pièces de vie se situent à l’étage alors que le rez de chaussée est généralement réservé à la cuisine et au stockage des vivres. Pas d’eau courante, on se lave au bac et les toilettes sont dans la cabane au fond du jardin (on évite d’avoir envie la nuit). Certains ont accès au réseau électrique, d’autres ont des panneaux solaires, mais les coupures étant courantes, tous ont des batteries relais. On se croirait presque en Ariège en fait ;)

Les nuits sont fraîches et les fines cloisons de bambou tressé n’isolent pas du froid. Nous dormons, comme nos hôtes, confortablement installés à même le sol, protégés par un mince matelas de laine et réchauffés par de lourdes couvertures bien chaudes. Ce n’est pas sans nous rappeler les nuits en yourte, le climat rigoureux en moins.

Nos guides nous préparent de savoureux festins, mais malheureusement, ni eux, ni la famille d’accueil ne partagent les repas avec nous. Malgré tout, nous passons de très chouettes soirées à papoter, rigoler, et échanger avec nos jeunes guides. Ils ont tout juste la vingtaine et sont encore étudiants. Eux, étudient la philosophie et la littérature et n’ont que 2 mois de cours par an. Le reste du temps, ils ont choisi d’être guides pour faire découvrir leur région, mais surtout payer leurs études.

Nous passerons d’ailleurs par le village de l’un d’eux, perché sur les hauteurs, avec une vue splendide sur les collines alentours. L’occasion de s’exercer au chinlon, le sport national, mix entre le foot et le volley (comme au Laos en fait). Les garçons s’en sortent honorablement (on sent bien les années de foot derrière) même s'ils ne maîtrisent pas encore le smash du pied. Les filles (et Jean-Luc) sont quant à elles moins convaincantes.

Partie de Chinlon
Partie de Chinlon

Le lac Inle, c’est magique mais il y a un hic

Arrivés au lac Inle, nous sommes récompensés par un dernier repas de rois, agrémenté d’un délicieux guacamole. On les attendait depuis longtemps, ces avocats qui font la réputation du pays. Nous n’avons pas été déçus.

L’arrivée sur le lac est marquée par le retour de la pluie, une première depuis plusieurs mois, paraît-il… On traversera le lac en pirogue cachés sous les parapluies.

Lac Inle sous la pluie
Lac Inle sous la pluie

N’ayant pas pu voir grand chose de cette première traversée, nous décidons de faire un tour en bateau sur le lac le lendemain. Décollage aux aurores pour espérer admirer le lever de soleil. Malheureusement, le brouillard est de la partie et nous ne verrons pas de jolies lumières. Mais la brume qui nous enveloppe alors que nous filons sur les eaux calmes du lac, nous plonge dans une ambiance surnaturelle. Les sommets des collines alentours se dévoilent doucement alors que l’on peine toujours à distinguer l’horizon, masqué sous ces volutes vaporeuses.

Lueurs de l'aube sur le lac Inle
Lueurs de l'aube sur le lac Inle

Première halte à l’un des marchés quotidiens qui se tient dans un village voisin, où les ethnies montagnards se rejoignent pour vendre leurs marchandises et faire leurs emplettes On y trouve de tout, des fruits et légumes, aux beignets tout chauds en passant par le thanaka et les produits d’entretien. C’est toujours un régal de déambuler dans les étroites allées, tous les sens à l'affût. On en profite pour petit-déjeuner et tenter des expériences culinaires, plus ou moins concluantes.

Copieux p'tit dej' (et bien gras)
Copieux p'tit dej' (et bien gras)

Le lac Inle est réputé pour ses nombreux artisans. Pour la suite de la balade, notre chauffeur nous conduit donc vers divers ateliers de bijoutiers, forgerons, tisserands, bateliers, fabricant de cigares… Malheureusement, nous avons la désagréable sensation d’être sur le chemin bien rodé des tours organisés, passages obligés pour tous les touristes, bien souvent organisés pour pousser à l’achat de souvenirs. Nous ne sommes pas exactement venus là pour faire les boutiques et restons un peu frustrés par ce mode de tourisme qui semble de mise sur le lac. Même les pêcheurs “traditionnels” emblématiques du lac se font de plus en plus rares, remplacés par de “faux” pêcheurs qui monnayent leurs acrobaties pour des photos carte-postale. On peut aussi apercevoir des femmes girafes, exhibées ici comme dans un zoo. Ne voulant pas cautionner, nous avons esquivé.

village flottant
village flottant

Mais ce qui nous a vraiment plu sur le lac, c’est d’observer la vie dans les villages flottants, où les habitants ne peuvent se déplacer qu’en barque, de se faufiler sur les petits canaux au milieu des jardins et potagers flottants, et tout simplement de savourer le paysage qui défile devant nos yeux.

Malheureusement, l’avenir de ce lac et de ses habitants est menacé : la pollution croissante due aux moteurs diesels, l’absence de traitement des déchets et des eaux usées, l’augmentation démographique et notamment du nombre de touristes, l’intensification de l’agriculture, autant de facteurs qui contribuent à la dégradation de l’écosystème du lac. En 60 ans, il a déjà perdu pas moins d’un tiers de sa superficie.

Nous terminons ce séjour au lac Inle par une petite balade à vélo sur la rive Est du lac, pour faire découvrir à nos visiteurs les joies du vélo sur les pistes poussiéreuses, des montées en plein cagnard, mais aussi le plaisir de parcourir la campagne et les villages, et même de s'octroyer des pauses baignades.

Les pêcheurs du lac Inle
Les pêcheurs du lac Inle

Après cette première semaine sportive, le massage de remise en forme est bien mérité… mais pas pour tout le monde. Élise est patraque, sans doute la faute à un yaourt népalais fermenté (il avait pourtant le goût du kirghizistan), et ne se sent pas d’attaque. D’autant plus qu’on enchaîne avec un bus de nuit pour rejoindre Bagan, à l’ouest du pays. Jean-Luc n’en mène pas large non plus, il appréhende la route de montagne. Ça promet…

Quant à Yann et Céline, c’est ici que nos chemins se séparent (enfin pas si sûr), puisqu’ils partent vers le Sud-Est de la Birmanie. La suite au prochain épisode...

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