Hanoi et la baie d'Halong

A notre arrivée à Hanoi, nous sommes accueilli par Quynh, un warmshower franco-vietnamien très sympa. Son appartement est situé à 2 pas de la vieille ville, sans pour autant être dans l’effervescence ultra touristique du vieux Hanoi. Nous passons une agréable soirée à échanger sur nos expériences respectives de voyage à vélo (il a parcouru une bonne partie de la France ces 3 dernières années), la vie et les coutumes locales (après une semaine au Vietnam, on avait déjà tout un tas de questions) et l’histoire récente du pays (aussi riche que complexe!).

On ne reste qu’une petite journée à Hanoi, le temps d’atterrir et d’apprivoiser un peu cette ville, pour mieux revenir et en profiter dans quelques jours. 

On ne pouvait pas passer dans cette région sans aller voir la baie d'Halong qui nous faisait tant rêver. Ce qui nous emballe un peu moins par contre, ce sont les hordes de touristes qui s’y pressent, souvent en tours organisés depuis Hanoi. On était presque prêts à se mêler à la masse et à laisser nos vélos se reposer à Hanoi pendant qu’on profitait du soleil et des plages sur fond de paysage de carte postale, mais Quynh nous a rapidement convaincu de garder nos vélos pour y aller par nos propres moyens et emprunter des chemins un peu moins courus. L’idée de se balader sur les routes côtières avec les pics karstiques en fond nous plaît! Nous irons donc en train/vélo/ferry sur l’île de Cat Ba, la plus grande île de la baie d’Halong (pour les détails logistiques, c’est par ici). L’île de Cat Ba est bordée à l’est par la baie de Lan Ha. Si géographiquement, cette baie se situe dans une autre province du Vietnam, géologiquement parlant, elle est le prolongement de la baie d’Halong mais est pour l’instant un peu moins touristique.

La traversée de l’île pour rejoindre la ville de Cat Ba nous offre un premier aperçu très prometteur des paysages karstiques. La ville de Cat Ba n’a par contre pas vraiment d’intérêt, puisqu’il s’agit d’une enfilade d’hôtels et de restos sans charme sur le front de mer. En cette saison, le tourisme est modéré et les hôtels sont loin d’être pleins, ce qui nous permet de négocier une chambre avec vue sur la baie à un prix honnête. Nous posons donc nos sacoches quelques jours pour nous détendre et profiter des environs.

Après avoir subi les fortes chaleurs de ces derniers jours, on décide de se décaler pour vivre avec le soleil : à partir de maintenant, on se couche tôt et on se lève tôt pour profiter pleinement avant que les températures ne deviennent insupportables. Et ça tombe bien, puisque les vietnamiens aussi s’activent de bonne heure.

Le port de pêche est particulièrement animé de bon matin : les femmes préparent et font sécher des calamars fraîchement pêchés, pendant qu’à l’autre bout du port, on embouteille la sauce nuoc Nam. Nous découvrons avec étonnement cette fabrique où le poisson salé est en train de pourrir/fermenter dans de grands bacs (y’a des choses, quand on aime, on préférerait ne pas savoir…). Suivant le stade de décomposition du poisson, l’odeur est plus ou moins forte et la mixture plus ou moins appétissante… Elle est ensuite filtrée avant de continuer sa maturation dans de grandes jarres. 

Après cette petite balade culinaire (la sauce Nuoc Nam est à la base de tout les plats au Vietnam), on prend de la hauteur et on monte au fort qui surplombe la ville et offre une belle vue sur la baie. Le temps est maussade, mais la vue reste splendide. Nous finirons la journée sur l’une des petites plages alentours pour se rafraîchir un peu. 

Le lendemain, nous prenons la mer, pour faire un petit tour dans la baie et approcher d’un peu plus près ces îlots rocheux. Encore une fois, on tente d'échapper à la foule et on choisit une “croisière” certes un peu plus chère que les autres, mais qui reste éloignée des circuits les plus touristiques. On ne regrette vraiment pas notre choix, puisque nous embarquons dans un petit bateau en compagnie d'une quinzaine d’autres personnes, très sympathiques (alors qu’il n’est apparemment pas rare de se retrouver avec près du double, dont certains venus là uniquement pour picoler dans un cadre idyllique) et que nous ne croisons quasiment aucun autre bateau. Au programme, une halte dans un petit village de pêcheur flottant, un tour en kayak au pied de ces pitons rocheux, et jusque dans des grottes, quelques baignades bien rafraîchissantes, un très bon repas sur le bateau... On passe toute la journée sur le ponton à admirer ces paysages magnifiques, à travers la baie de Lan Ha et jusque dans la baie d’Halong. La grisaille du matin laisse finalement place à un franc soleil qui sublime ce panorama. On rentre au port au soleil couchant, après une merveilleuse journée!

Histoire de s’en mettre plein les yeux jusqu’au bout, et comme on préfère les boucles aux allers-retours, on décide de repartir de Cat Ba par le ferry qui traverse la baie d’Halong, direction Halong city, puis de prendre un bus pour Hanoi. La route qui traverse l’île serpente au milieu des pics karstiques. Absolument magnifique, peut être même plus belle que la route côtière. Il est presque 9h lorsque nous arrivons à l’embarcadère. Le soleil tape déjà fort et on est trempés. Malheureusement, la douche ne sera pas pour tout de suite.

La traversée en ferry est l'occasion d’admirer une dernière fois ces superbes paysages avant de retrouver l'agitation de la ville.

De retour à Hanoi, on se met en quête d’une guesthouse dans l’hypercentre. Et ce n’est pas une mince affaire. Entre les hôtels pleins, ceux hors de prix, ou encore ceux qui n’ont que des dortoirs, on tourne pendant un bon moment avant de revenir à notre point de départ et d’accepter de revoir notre budget à la hausse.

Comme dans toute capitale, les prix ici sont un peu plus élevés qu’en province. Mais que la nourriture est bonne et variée! Notre budget bouffe en prend un sacré coup… On nous avait vanté la cuisine Vietnamienne, jusqu’à présent, nous n’étions pas tout à fait convaincus. Certes, le pho, c’est bon, mais on commençait à s’en lasser… À Hanoi, on a découvert ce qu’était réellement la cuisine Vietnamienne : entre les smoothies, les jus de fruits frais, les bun cha (nouilles de riz avec du porc grillé au barbecue), les nems, les bun bo, les rouleaux de printemps, les banh cuon, les pho, les viennoiseries… nous retrouvons avec grand plaisir nos amis baguette, croissant et pain au chocolat (non, la chocolatine n’existe pas ici!). Bref, on s’est régalés! Cette fois c’est sûr, on a repris une bonne partie des kilos perdus sur le plateau Tibétain…

Nous passons 2 jours à Hanoi. Nous commençons la visite par les incontournables temple de la littérature (temple confucéen où l’aristocratie vietnamienne faisait des études pour devenir lettrés et hauts fonctionnaires) et l’ancienne résidence d’Ho Chi Minh. Mais ce qu’on aime vraiment dans cette ville, c’est se perdre dans les petites rues animées du vieux quartier. Alors que la route est envahie par les scooters, les voitures et les vélos, les trottoirs débordent de stands en tous genres : cuisine de rue, terrasses de cafés ou restaurants, vendeurs ambulants à vélo, scooters (oui oui, il y en a vraiment partout!), étals des magasins trop petits,...

Les rues du vieux quartier sont bordées de centaines de bâtiments à l’architecture coloniale, de temples bouddhistes et de pagodes, tous entassés les uns à côté des autres. Les Hanoiens vivent beaucoup dans la rue, ils sont nombreux assis sur leurs tabourets de liliputiens, à manger un bout, boire un coup, discuter, jouer aux cartes ou aux échecs… 

Dans le vieux Hanoi, chaque rue était autrefois étroitement liée à un métier qui lui donnait son nom, comme la rue du sel, la rue du cuivre, la rue des forgerons... Les choses ont depuis évolué, et de nos jours, seules quelques rues continuent d'exercer leur métier traditionnel et ont conservé leur spécificité d'origine. Ces divisions par secteur de vente sont toujours très fréquentes, mais elles se sont adaptées au monde moderne, et d'autres rues en dehors du vieux quartier se sont elles aussi spécialisées. C’est ainsi que l’on peut déambuler dans la rue de l’inox où se succèdent les échoppes d’objets divers et variés, tous en inox, puis dans la rue des lampes, la rue du cuir, la rue des décos de noël… on n’est même pas fin novembre et les sapins de noël sont déjà de sortie, alors qu’il fait 30˚C dehors… ça fait tout drôle! Les hôtels, restaurants, agences de voyage, boutiques de souvenirs... poussent un peu partout dans ce quartier touristique, mais en s’écartant de la vieille ville, on retrouve vite des quartiers tout aussi animés et plus authentiques. C’est comme ça que l’on se retrouve au marché où l’on peut acheter des tortues en même temps que du poisson (on nous a confirmé que ça se mangeait), ou tomber sur une rue où les seuils des portes donnent sur la voie ferrée et les gens sont installés sur les rails à papoter. La rue est si étroite que lors du passage du train, ils sont obligés de remballer leurs affaires et déguerpir pour le laisser passer.

Le centre ville abrite également un grand lac entouré de verdure. Un havre de paix au milieu de cette frénésie où les Hanoiens, jeunes et moins jeunes (mais surtout moins jeunes) se retrouvent pour des exercices matinaux. On y croise des promeneurs et des joggers, des hommes qui font de la muscu, des mamies qui font du tai shi, des gens qui dansent ou d'autres qui jouent au badminton...

Après quelques jours à Hanoi, il est temps de reprendre la route vers le Laos en passant par Ninh Binh (ou la baie d'Halong terrestre) puis les montagnes à l'ouest du Vietnam. Ça s'annonce magnifique... et vallonné!