De Lao Cai à Hanoi


De Lao Cai a Hanoi



- En passant par l'Ariège et la Belgique -

du 09 au 16 novembre 2016 Vietnam 3175 km

On entre au nord Vietnam depuis la Chine. Notre première destination : Hanoi, avec un petit détour par les montagnes du nord ou vivent de nombreuses éthnies...


Good morning Vietnam!

Avec le visa Vietnamien en poche, le passage de la frontière n’a été qu’une formalité et nous arrivons à Lao Cai en fin d’après midi. Dès la sortie du poste frontière, un homme nous accoste pour nous proposer de changer de l’argent. Ça tombe bien, il nous reste quelques yuans mais pas encore de dongs. Après une bonne négociation, on se met d’accord sur le prix. Ça sera 780 000 dongs. Il nous tend alors les billets : 100, 200, 300,... 700, 701, 702,...708 000… le petit farceur! Il a cru qu’on ne compterait pas où quoi?!? C’est avec un grand sourire et un petit “sorry, mistake” qu’il nous tend le complément. Aller, on reste pas là, on part chercher un hôtel. 

Pour notre première soirée au Vietnam, on jette notre dévolu sur un resto animé, tous contents de pouvoir découvrir de nouvelles saveurs. Par chance, un client parle anglais et nous aide à commander du “fried rice” et des légumes sautés, l’étal de viande nous faisant moyennement envie. Tant qu’il est là, on en profite pour demander combien ça va coûter : 85000 dongs, un prix tout à fait acceptable. Mais surprise quand on découvre nos assiettes : très peu de légumes au milieu d’un bon plat d’abats... Tant pis, on fait les difficiles et on trie, un peu déçus. La surprise est encore plus grande au moment de payer : on nous demande plus du double du prix annoncé. On ne comprend pas bien. Notre traducteur revient et nous explique que nous avons du commander un plat de viande. Première nouvelle. On râle un peu, disant qu’on ne voit pas comment on aurait pu commander quelque chose en plus alors qu’on ne parle pas un mot de vietnamien et qu’il avait tout fait pour nous. On obtient rapidement un “sorry, mistake”... Oh les petits filous! A peine 3 heures que nous sommes au Vietnam et nous avons déjà esquivé 2 bonnes tentatives d’arnaques. La couleur est annoncée, ça nous change des Chinois!

En entrant au Vietnam, nos petites habitudes ont été bouleversées. Les resto n’ont plus de frigo pour qu’on choisisse nos plats, on ne retrouve plus nos gâteaux préférés dans les petites supérettes (quand on arrive à en trouver une),... Et nous nous nous apercevons rapidement que les prix peuvent varier du simple au triple (voir plus...), en fonction des vendeurs ou de la tête du client. Cette sensation d’être vu comme un simple portefeuille nous est plutôt désagréable et gâche quelque peu les relations. Heureusement, ce phénomène reste limité aux lieux les plus fréquentés. Pour éviter les déconvenues, nous avons donc pris l’habitude demander le prix avant de consommer, et vite appris le prix de nos (nouveaux) cookies préférés, d’un pho, d’une chambre d’hôtel, d’un kg de banane, d’une bouteille d’eau... pour pouvoir négocier âprement si besoin! Et en vietnamien, s’il vous plait!

 "Mot kilo, bao nhiêu?"
"Mot kilo, bao nhiêu?"

Escapade en pays Hmong

Il y a quelques jours encore, notre itinéraire au Vietnam n’était toujours pas défini. Beaucoup d’hésitations sur la route à prendre pour rejoindre Hanoi. Sur les conseils de Quynh, un warmshower (site communautaire d’hébergement gratuit entre cyclo-voyageurs à travers le monde) qui nous accueillera pendant notre séjour à Hanoi, nous décidons de faire un petit détour par les montagnes. Nous avions très envie d’aller à la rencontre des minorités du Nord Vietnam et après quelques semaines sur le plateau Tibétain, les grimpettes ne nous effraient même plus. Le timing parfait pour tomber sur les jours de marché a achevé de nous convaincre.

C’est donc tous confiants et gonflés à bloc que nous attaquons ces montagnes. Depuis notre arrivée au Vietnam, les “hello” fusent à nouveaux sur les bords des routes lors de notre passage, avec les sourires et les rires des jeunes et moins jeunes. C'est d'autant plus agréable, que nous avions perdus ces contacts simples et éphémères pendant nos derniers jours en Chine. C’est peut être un détail pour vous, mais pour nous ça veut dire beaucoup. Ils égayent nos journées de bon matin, nous motivent pour faire nos tours de roues journaliers, nous stimulent pour aller un peu plus à leur rencontre,... c’est un peu notre carburant quotidien!!

Le contraste avec la Chine est brutal. Nous avons changé de région tellement rapidement, et dans le brouillard qui plus est, que nous n’avons pas vu la transition. Les paysages ont radicalement changé : la végétation est maintenant tropicale, beaucoup plus luxuriante. Des bananiers, des champs d’ananas, des fougères, des bambous, et à mesure que l’on gagne de l’altitude, des plantations de thé et des cultures en terrasse. Le climat aussi a bien changé. L’atmosphère est beaucoup plus moite, et il fait lourd.

Les champs d'ananas recouvrent les flancs des montagnes
Les champs d'ananas recouvrent les flancs des montagnes

Les sommets resteront noyés dans la brume pendant les quelques jours que nous passons dans ces montagnes. Le plafond nuageux est bien bas et nous nous retrouvons vite dans un épais brouillard dès qu’on dépasse 1000m d’altitude. On se croirait presque dans nos Pyrénées, un vrai mois d'août en Ariège (les ananas en moins). Malgré tout, lorsque la visibilité le permet, nous avons le droit à un magnifique spectacle : des monts karstiques, des versants entiers sculptés par le labeur des cultivateurs de la région et une petite brume qui nous plonge dans une ambiance presque mystique. Sur la route, de nombreux villages Hmongs, l’une des ethnies minoritaire du Vietnam. Les Hmongs ont immigrés de Chine au 19ème siècle et vivent maintenant dans les montagnes frontalières (on en retrouve également en Thaïlande et au Laos, par exemple). Les flower Hmongs, majoritaires dans cette region, se distinguent notamment par leurs habits traditionnels brodés et très colorés.

Cultures en terrasses sur la route de Bac Ha
Cultures en terrasses sur la route de Bac Ha

Cette route, hors des sentiers battus, n’est pas très fréquentée (principalement des 2 roues), ce qui la rend particulièrement agréable. Les gens sont parfois étonnés de nous voir passer là; les touristes ne doivent pas être légion dans ce coin; mais un simple sourire et leurs visages s’éclairent instantanément.

Quelque soit le jour de la semaine, des mariages sont célébrés dans les petits villages. Au cours d'une halte dans l'un d'eux, alors qu'il n'y avait aucun resto en vue, un homme nous aborde et nous propose de nous joindre à eux pour le repas du mariage. On n’aurait pas pu rêver mieux! Sous la tente, on trouve tous les invités à table. Les femmes portent leurs plus beaux costumes. On vole rapidement la vedette aux mariés puisqu’un attroupement se forme autour de nous. Tous veulent trinquer avec nous à l’alcool de riz. On s'execute par politesse, mais après la première gorgée, on se contente de tremper les lèvres. D’une part, c’est pas franchement terrible, mais surtout, c’est qu’on n’est pas d’ici, nous, on a encore de la route! Une des invitée est l’enseignante du village et parle anglais. Elle nous explique que les mariés sont trop jeunes (15 et 16 ans) pour avoir un mariage officiel (à la mairie) et qu’ils devront attendre jusqu’à leurs 18 ans. La mariée est déjà enceinte, serait-ce la raison de ce mariage? Nous lui paraissons bien vieux, nous trentenaires, pas mariés et sans enfants... Le repas touche à sa fin, et les hommes s’installent autour de l’immense écran plat pour regarder un film de Silvester Stallone pendant que les femmes continuent de bavarder, et les jeunes amis des mariés, de trinquer. Après ce bon moment de découverte, nous devons reprendre la route. Dommage pour la séance ciné mais l’étape est loin d’être finie. On s’offre une belle descente, pour tout remonter ensuite et arriver à Si Ma Cai, la prochaine “ville”, avant la tombée de la nuit.

Femmes Hmong dans un petit village perché
Femmes Hmong dans un petit village perché

Il n’est pas aisé de trouver un bout de terrain pour planter la tente dans cette région, pour ne pas dire que c’est quasiment mission impossible. Et puis soyons honnêtes, Élise a trop peur de tomber sur un serpent ou une araignée. On préfère donc dormir à l’hôtel, d’autant plus qu’on ne crache plus sur une douche en fin de journée. Les montagnes Vietnamiennes sont autrement plus escarpées que les cols Tibétains. Les pentes qui avoisinent les 10% sont éprouvantes (on est loin des pentes douces taillées soigneusement par les Chinois), et avec ce climat, on sue à grosses goutte et on se sent vite bien poisseux. On doit donc anticiper un peu plus nos étapes pour viser d’atterrir dans un village en fin de journée.

La nourriture, bien que très bonne, n’est pas très variée dans cette région reculée du Vietnam et nous devons souvent nous contenter d’un pho (soupe de nouilles accompagnée d’herbes aromatiques et de quelques morceaux de viandes). Nous avons bien tenté de varier, mais l’expérience n’à pas été concluante. Un soir, Nico, tout content de voir des oeufs, en commande 2 pour accompagner son plat. Quelle déception quand il découvre que ce ne sont pas des oeufs durs mais un foetus de canard! Un embryon, des ailes, des os, un bec… on vous épargne la photo, c’est plutôt ragoutant. Riz nature finalement ce soir!

Le samedi matin, les Hmongs de la région se retrouvent au marché de Can Cau pour acheter/vendre leur production, des outils de travail, des animaux (buffles, poules, cochons,...), de l'alcool de riz, des vêtements, de la laine… Mais du fait de leur isolement dans les montagnes, le marché est aussi le lieu de rencontre, il permet de se retrouver, ou même de chercher l’âme soeur… Sur la route,on croise d'ailleurs beaucoup de scooters qui s’y rendent ou qui en repartent, parfois bien chargés. Le marché se tient juste au bord de la route, à flanc de montagne. Nous nous y arrêtons pour déambuler dans ses allées et découvrir d’un peu plus près ces ethnies montagnardes. Les costumes traditionnels sont de sortie, et malgré les quelques touristes, ça n’a rien de folklorique. On prend plaisir à se balader dans ce marché haut en couleurs. Néanmoins, le tourisme se développe à une vitesse folle et les vendeuses d’artisanat sont aux aguets. Impossible de regarder un étal sans se faire alpaguer. Si tu jette un oeil, t’es grillé, si tu touches, t’es foutu. Les “madam, buy something from me” fusent. Les prix flambent et les vendeuses se vexent vite si on part sans acheter, le peut être ne semblant pas être une option. Cette ambiance un peu oppressante ne nous plaît guère, d'autant plus qu'elles peuvent devenir franchement agressives : l’une des vendeuse nous a suivi un bon moment, nous bloquant presque le passage, divisant son prix initial par 7, pour finalement nous maudire, ou du moins nous balancer un truc dédaigneux et vraiment pas sympa (on n’est pas encore assez bons en vietnamien pour être certains de la traduction exacte) parce qu’on ne voulait pas acheter.

Foire aux buffles au marché de Can Cau
Foire aux buffles au marché de Can Cau

On préfère donc flâner au milieu des stands dédiés aux locaux, et après un bon repas aux abords du marché, on poursuit notre route vers Bac Ha. Un autre marché s’y tient le dimanche, le plus grand de la région. Si Can cau était théoriquement méconnu des guides touristiques, celui là est sur la route de bon nombre de tours operators. On craignait le pire, de peur de voir débarquer des bus entiers et de se retrouver au milieu d’une foule d’occidentaux.

Le dimanche matin, on se lève donc très tôt pour profiter du marché avant l’affluence. On apprécie arpenter les multiples allées et stands du marché, du rayon boucherie, au rayon des habits traditionnels en passant par le coin des buffles et autres cochons ou chiots, les fruits et légumes, l’alcool de riz et bien sûr le coin de l'artisanat et des souvenirs. On s’amusera d’ailleurs à retrouver les mêmes vêtements et les mêmes vendeurs que la veille à Can Cau.

Au rayon artisanat - marché de Bac Ha
Au rayon artisanat - marché de Bac Ha

On s’assied un moment à l’écart pour observer toute cette vie qui grouille. Les étals sont souvent a même le sol, sur un simple drap. Ça marchande, ça discute, ça rie... Nous sommes vite intrigués par une jeune fille, dont les habits sont encore plus beaux que tous les autres. Alors que beaucoup portent des jupes plus simples, imitation “broderie”, elle s’est parée de ses plus belles étoffes et reste debout, bien en vue, pendant que les autres femmes bavardent, confortablement assises. Sa mère ne cesse de la rhabiller, serrant toujours un peu plus sa ceinture. Sa petite soeur n’a pas le droit au même traitement et est libre d’aller gambader où bon lui semble. On suppose que c’est pour elle l’occasion de faire bonne figure et pourquoi pas trouver son prince charmant, ou à défaut, un mari. Elle est pourtant si jeune…

Marché de Bac Ha
Marché de Bac Ha

Le long du fleuve rouge, le 'plat' pays

Nous redescendons ensuite dans la plaine pour rejoindre Hanoï en longeant le fleuve rouge. Enfin "plaine", c'est un bien grand mot, puisque jusque Yen Bai, la route est encore très vallonée et on enchaine montées et descentes un peu casse pattes. On traverse une règion où l’exploitation des forêts alentours bât son plein. Sur les bords de route, les petites scierie se succèdent (on est loin ici de l'exploitation industrielle chinoise) et de fines planches en bois sèchent un peu partout sur les bords de la route. On n’a pas encore bien compris à quoi peuvent bien servir toutes ces planches!

Les bas côtés servent de séchoir pour le bois
Les bas côtés servent de séchoir pour le bois

Les villages se succèdent et on trouve facilement un resto pour manger notre traditionnel pho le midi et un petit hôtel pour prendre une bonne douche le soir venu. Eh oui, en redescendant dans les plaines, la fraîcheur des montagnes a définitivement laissée la place à la moiteur de l’asie du Sud est. Les 2 douches hebdomadaires ne sont vraiment pas du luxe! D'autant plus que la nuit, la température descend rarement sous les 20°C.

On découvre avec étonnement l’architecture vietnamienne assez particulière : des bâtiments en béton, tout en longueur, à plusieurs étages et souvent très hauts de plafond, mais surtout très étroits (les baux au Vietnam sont réalisés sur la base d'une largeur de 4m). Les murs latéraux n’ont pas toujours d’ouverture (les maisons sont mitoyennes, et même en rase campagne, on prévoit l’éventualité de futurs voisins). De fait, il n’est pas rare de trouver des chambres sans fenêtres… Au rez-de-chaussée, une grande pièce généralement meublée d’une table et d’imposants fauteuils en bois ainsi que d’un immense écran plat, le tout en vitrine, fait office de pièce de vie et de garage à scooter.

Habitation Vietnamiennes typiques.  Même quand la place ne manque pas (encore), ça reste tout en longueur!
Habitation Vietnamiennes typiques. Même quand la place ne manque pas (encore), ça reste tout en longueur!

Sur la route, très peu de voiture, mais de nombreux scooters et beaucoup de vélos. Les jeunes écoliers vont presque tous à l’école à vélo et c’est souvent l’occasion de réviser leurs derniers cours d’anglais ou de faire la course. Ils ont d’ailleurs du mérite sur leurs vélo trop grand (certains atteignent à peine les pédales), à une seule vitesse! Et même comme ça, ils arrivent à nous griller en montée...

La région d'Hanoi est beaucoup plus plate (digne des routes Belges) et nous filons a vive allure sur les rives du fleuve rouge, a travers champs et villages. La banlieue de la capitale est tres étendue et les cultures disparaissent peu a peu pour laisser place à une enfilade d’habitations et autres constructions en béton. 

L’arrivée dans Hanoi est… mouvementée. Les rues grouillent de scooters, de voitures et de quelques rares vélos qui déboulent de toute part. Par derrière, par la gauche, par la droite, par devant… oui oui, par devant, rouler à contre-sens ne semble pas poser de problème dans cette ville. On ne dit plus où donner de la tête. On se mêle à la foule pour essayer de se frayer un chemin. Si ça nous faisait rire au début, ça devient carrément flippant. On bénit les feux rouges, quand il y en a, qui remettent un peu d’ordre dans ce chaos. Les derniers kilomètres nous semblent interminables. Mais nous sommes finalement arrivés à destination sans la moindre egratignure. Nous pouvons maintenant poser les vélos et siroter un jus de mangue!

Sur le chemin de l'ecole
Sur le chemin de l'ecole
1 commentaires
Commentaires: 4
  • #4

    emilie (mercredi, 30 novembre 2016 08:35)

    magnifiques ces costumes Hmong! ça donne envie de retourner au Vietnam :)

  • #3

    Jean-Luc (vendredi, 25 novembre 2016 21:01)

    Ça nous a fait plaisir également de revoir ces visages souriants.
    Dur de finalement participer à l'effet "touriste"...
    vous auriez pu acheter un buffle pour porter vos bagages à Can Cau et le revendre à Bac Ha... sur du 10% il peut vous tirer dans la montée. ça ne va pas assez vite dans les descentes?
    Les couleurs des vêtements et tissus sont magnifiques.
    Bons phos et bises à vous deux.

  • #2

    Djodjo (mercredi, 23 novembre 2016 19:48)

    C'est un gag les espèces de grosses pantoufles à tête d'animal rose avec ce magnifique costume ?

  • #1

    Yann (mercredi, 23 novembre 2016 10:27)

    ça donne envie !!